Listeria sur tranche de saumon industriel

Le Canard enchaîné – 21/11/2018 – Conflit de Canard – 

« L’identification de la même souche de listeria dans un produit à base de saumon en France ainsi qu’un nouveau cas humain survenu en Allemagne suggèrent que la source de contamination pourrait être toujours active. » Mais de quoi parle donc l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) dans ce communiqué mis en ligne sur son site le 25 octobre ?

D’une épidémie de listériose provoquée par un saumon d’élevage norvégien transformé en produits fumés et marinés dans une usine polonaise. Des tranches de poisson contaminé qui ont été envoyées en France, en Allemagne et au Danemark. Douze personnes à l’hôpital dont quatre sot décédées. En lisant le rapport d’enquête de l’Efsa, on découvre que ladite épidémie, qui a encore tué, en Allemagne en mai, a commencé il y a trois ans et que l’alerte européenne n’a été lancée que la 30 août 2017 par les Danois après l’intoxication de six amateurs de saumon fumé par la même souche de listeria.

Le 27 septembre 2017, c’est la France qui sonne à son tour le tocsin. Les Fraudes détectent, lors d’un contrôle de routine, des listérias dans du saumon norvégien travaillé dans la fameuse entreprise de transformation polonaise et font alors le rapprochement  avec cette consommatrice de saumon hospitalisée en France en juin 2016 pour une listériose méningée. Que croyez-vous qu’il arriva ?  Comme les 1 000 barquettes de saumon potentiellement contaminées avaient toutes été vendues, les autorités ont procédé à un discret rappel  par affichettes dans les Moonprix, Carrefour, Franprix, Super U et G20 concernés. Détail piquant : la réglementation européenne permet de laisser en rayon des aliments enrichis à la listeria s’ils ne dépassent pas 100 bactéries par gramme…

Or, on le sait peu, le saumon industriel cumule les risques. L’injection de saumure et le fumage liquide favorisent le développement de la listeria, tout comme le conditionnement sous vide, l’absence d’oxygène n’empêchant pas la bactérie de proliférer silencieusement. C’est d’ailleurs pour ces raisons que le saumon fumé est déconseillé aux immunodéprimés, aux personnes âgées et aux femmes enceintes. 

La Norvège, premier producteur mondial, qui utilise la Pologne pour y transformer ses salmonidés parce que la main-d’œuvre y est moins chère, peut remercier Bruxelles, qui refuse de donner les noms de l’usine polonaise et du producteur norvégien de saumon. Un bel enfumage !