Arrêt sur images – Le Matinaute

Arrêt sur images 11/12/2018

 « Alors vous enlevez le gilet ? »

Alors, vous l’enlevez, le gilet ? » Macron a à peine disparu des écrans, que les envoyés spéciaux se précipitent sur les rond-points.  Là , maintenant, tout de suite, il faut délivrer son verdict, trancher, alors, oui ou non, vous repliez les tentes ?

A peine la diffusion de l’intervention terminée (elle était en différé, les rédactions ont donc pu la visionner avant tout le monde), les éditocrates, eux, ont tranché. Il y a du lourd, du substantiel, c’est un tournant, un virage, un acte deux, on ne voit pas pourquoi ils ne les enlèveraient pas, leurs gilets, il est temps de sortir de la « séquence », de passer à autre chose

jean-miche Aphatie, multi-éditorialiste

bruno jeudy, directeur de paris-match

Il faut du temps, pourtant, pour démêler les vrais euros des embrouilles. Pour ne parler que des mesures vraiment annoncées (en éliminant donc les primes de fin d’année facultatives, et autres convocations-sermons des « hauts revenus » à l’Elysée), il faut du temps pour comprendre que la hausse du SMIC ne sera pas une hausse du SMIC. Ce sera l’accélération d’une augmentation de la prime d’activité, initialement étalée sur tout le quinquennat, et soumise à de multiples conditions restrictives.

guillaume Allègre, économiste

Quant à l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraites de moins de 2000 euros, attention : ce sera pour les retraités qui touchent moins de 2000 euros, tout compris (y compris donc leurs autres revenus). La différence est expliquée ici. Restent les heures supplémentaires défiscalisées. Et reste la non-mesure éclatante : le maintien de la suppression partielle de l’ISF.

Mais les éditorialistes politiques, eux, ont déjà tranché. Ils ne regardent pas les chiffres. Ils ne se posent pas la première question venant à la tête de tout salarié normalement constitué : les 100 euros supplémentaires pour les smicards, net ou brut ? (En vrai, c’est du net). Ils écoutent les mots. La musique des mots. Ils se laissent gentiment bercer. Ca tombe bien, c’était aussi fait pour.

PS : Chacun comparera cette allocution avec le brouillon gaguesque que je vous livrais ici hier matin. Bilan de mon innocente blague : cet article, situé comme chaque matin dans la zone publique d’ASI, est d’ores et déjà l’un des plus lus de ces dernières années. Notre site a même sauté quelques minutes, à la mi-journée, sous l’afflux des visites.

Mais tout le monde n’a pas ri. Il s’est trouvé une poignée d’amis Facebook pour prendre le texte au sérieux. Sur les réseaux sociaux, j’ai reçu quelques remontrances d’aimables confrères, hypersensibles aux convulsions des internautes. A l’instant où j’écris, sur France Inter, l’excellente Sonia Devillers me fait la leçon : « les stylistes devront s’y faire, on ne publie pas sur Internet comme dans une page de Libé ». Vaste question du pacte de lecture (que sait exactement le récepteur de l’émetteur ?), qu’il ne faut pourtant pas dramatiser : à la différence des affreuses fake news, ma petite blague était à durée de vie limitée. Et aux dernières nouvelles, la République est sauve.

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