Le Canard enchaîné – 19/12/2018 – Jean-luc Porquet –
Rien qu’à en parler, on en baille. Tout le monde avait prévu que la conférence sur le climat qui vient de se terminer en Pologne serait un fiasco. C’est un fiasco : aucune décision, à part celle de ne pas jeter l’accord de Paris à la poubelle. Parlons d’autre chose.
Le 9 octobre, les 900 Néerlandais membres de l’association Urgenda gagnent en appel contre le gouvernement des Pays-Bas. Ils l’avaient accusé de se tourner les pouces face au réchauffement climatique. La cour de La Haye l’a condamné à prendre des mesures, et plus vite que ça. D’ici deux ans, il devra faire en sorte de réduire les émissions de CO2 de 25 %.
Sur ce même modèle, Damien Carême, le maire de Grande-Synthe soutenu par Corinne Lepage, vient d’attaquer l’État pour « inaction climatique ». Construite sur des terres gagnées sur la mer et protégées par des digues, Grande-Synthe est particulièrement vulnérable. Elle a déjà fait beaucoup (parc automobile, éclairage public, économies d’énergie), et attend que l’État passe du bla-bla aux actes.
Ce n’est pas tout : en Colombie, aux États-Unis, en Belgique, en Nouvelle-Zélande, en Inde, au Québec, de simples citoyens regroupés en associations font de même. Ils attaquent leur gouvernement en justice (Libération 22/11). Bien sûr, ceux-ci n’apprécient guère : « Vous croyez que c’est devant les tribunaux qu’on va régler le problème du dérèglement climatique ? » a ricané le ministre François de Rugy. Non, mais c’est une piqûre de rappel qui ne peut pas faire de mal.
Des actions en justice. Des marches pour le climat. Des blocages de banques qui financent les énergies fossiles (ainsi la Société générale, boulevard Haussmann à Paris, vendredi 14 dernier). L’émergence de nouveaux collectifs comme Il est encore temps ou Notre affaire à tous, l’apparition d’activistes internautes comme On est prêt ou Çà commence par moi…