Allemagne : mobilisation pour et dans les arbres

Siné Mensuel – décembre 2018 Robert Fiess –

Dans la forêt de Hambach, en Rhénanie, des militants on construit des cabanes dans les arbres pour empêcher leur destruction.
D’un côté, 150 « activistes », perchés depuis des mois dans la cime des arbres. De l’autre, le conglomérat, fournisseur d’électricité de Rhénanie-Westphalie (RWE) du gros calibre, et son soutien politique. le non moins puissant Land du même nom. Au centre, une forêt, celle du Hambach, de 12000 ans d’âge, déjà réduite à une centaine d’hectares, ceux-là même qui gênent l’extension de la plus grande mine de charbon à ciel ouvert d’Allemagne, près d’Aix-la-Chapelle.
Depuis quatre ans, des militants se sont installés dans cinquante et une cabanes dans la forêt de Hambach. Particularité des ces cabanes : elles sont construites dans les arbres, à quinze, voire vingt-cinq mètres de hauteur, de quoi avoir le vertige en préparant son p’tit déj. Du solide, habitables à demeure, des toiles pour se protéger de la pluie, des traverses et ponts de singe pour les relier les unes aux autres. Les rebelles se croyaient à l’abri dans leurs tranchées aériennes.

Mais l’assaut a eu lieu en septembre.  Les forces d’intervention (3500 hommes annoncés) n’ont pas lésiné. Arrivées avec leurs grues de chantier qui s’élèvent à hauteur, elles se retrouvent face aux irréductibles. Pris de panique, l’un d’entre eux chute et meurt huit jours à peine, après son dix-huitième anniversaire. L’émotion est forte. Les cabanes détruites tombent à terre dans un fracs de branches et de planches cassées.
Non loin de là, un cratère de 350 mètres de profondeur, où les bulldozers géants continuent à laminer la terre pour dégager le charbon de lignite, une cochonnerie, et s’approchent de plus en plus de la bordure du massif forestier.
D’après une enquête Emnid, les Robin des bois de Hambach ont l’opinion publique avec eux, laquelle s’oppose majoritairement à l’abattage. Comme pour Notre-Dame-des-Landes, , l’affrontement se porte au juridique. Les Amis de la terre arguent du fait que la forêt, ou ce qu’il en reste, recèle des espèces protégées si bien que RWE a pour l’instant l’interdiction de défricher.
Des manifestants rassemblés à Hambach (Allemagne), le 6 octobre 2018, pour fêter le sauvetage provisoire d’une forêt menacée de déboisement par l’industrie du charbon. (CHRISTOPHE GATEAU / DPA / AFP)
L’appui populaire en faiblit pas. Un rassemblement, dans un premier temps, interdit par la police, réunit 15 000 personnes en octobre, et la décision est cassée par le tribunal d’Aix-la Chapelle. Dans les arbres, les opposants reconstruisent, mais la police rôde en permanence dans les parages. 
L’ogre RWE joue sur l’habituelle ficelle : le non-abattage lui fait perdre 100 millions d’euros et renoncer peu à peu au fossile, ce qui entraîne des pertes d’emplois et l’augmentation du prix de l’électricité. Alors que si l’on tient compte de tous les coûts induits, on sait qu’elle est déjà bien plus chère que celle issue des renouvelables.
Le gouvernement allemand sent quand même le vent du boulet : il a nommé une commission chargée de déterminer une date de sortie du charbon. Calmons-bous. 2030, 2040 ? En attenant, le fossile charbon et ses centrales font aujourd’hui de l’Allemagne le pays le plus polluant d’Europe.

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