Frontière – Privatisations : le trou d’air de la droite

L’Opinion 12/03/2019 Nicolas Beytout
Est-ce parce que Les Républicains sont traversés par une ligne de fracture entre étatistes et libéraux ? Le fait est que dans le travail de redéfinition des valeurs actuellement mené par le parti de Laurent Wauquiez, les grands principes économiques ont disparu des têtes de chapitre. Une bonne façon de ratisser large dans une France où les clivages politiques se brouillent.
Ce manque d’unité de vue fait pourtant des dégâts. Dernier en date, la rocambolesque prise de position du Sénat contre les privatisations prévues par la loi Pacte, celle d’Aéroports de Paris en particulier. Ce que la majorité En Marche a fait à l’Assemblée, le Sénat l’a défait sous les vivats du Parti socialiste et des communistes. Drôle d’histoire.
L’argument de la majorité sénatoriale de droite, bientôt rejointe par deux cent cinquante pétitionnaires élus socialistes, semble imparable : un aéroport est une frontière, elle ne se vend pas. Mais c’est faire mine d’ignorer que, demain comme aujourd’hui, c’est la gendarmerie du transport aérien qui gardera la haute main sur la sécurité des pistes, que la police aux frontières règnera toujours sur le contrôle des passeports et les douanes sur celui des marchandises. C’est oublier que c’est la Préfecture de police de Paris qui gère la circulation dans le périmètre de l’aéroport, que des agents du renseignement sont affectés aux différents sites, et que la Direction générale de l’aviation et ses contrôleurs aériens n’ont nullement l’intention d’abandonner leurs postes. Ce sont eux, tous agents de l’Etat, les garants de notre territoire ; des tonnes de béton, de verre et d’acier, des hectares de parkings et des centaines de magasins n’ont jamais fait une frontière.
La droite, c’est un fait, a mal géré jadis la privatisation des autoroutes. Mais nul ne peut désespérer que l’Etat apprenne de ses erreurs.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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