Aéroports de Paris : le bijou de famille qui s’envole

Charlie Hebdo – 13/03/2019 – Guillaume Erner –
Si vous avez aimé la privatisation des autoroutes, vous allez adorer celle de la d’Aéroports de Paris. Soyez-en certains, ce projet aboutira à la même cata : augmentation du prix pour l’usager, appauvrissement pour le citoyen. Selon deux principes : privatisation des gains, nationalisation des pertes. Aujourd’hui, côté gains, Aéroports de Paris est une affaire qui cartonne. Pratiquement 3 milliards de chiffre d’affaires, plus de 100 millions dans la poche de l’État chaque année, puisque ce dernier en est l’actionnaire majoritaire. La concurrence ? Elle est nulle et pour toujours, car on ne risque pas de construire un aéroport en région parisienne à l’insu du plein gré de la puissance publique. A cet égard, la mésaventure de Notre-Dame-des-Landes pourrait faire passer toute envie à l’État de bâtir un nouvel aéroport dans les prochaines décennies.
En outre, tout cela fonctionne sans que l’État ait besoin de s’en préoccuper véritablement. Autant sa présence au capital d’Air France, de Renault, peut parfois lui donner la migraine, autant Aéroports de Paris est une affaire qui roule, ou plutôt qui vole. En dehors de l’ouverture d’un kiosque à macarons ou de l’agrandissement d’un duty free, aucune révolution ne semble menacer ce lieu. Bref, rien n’oblige notre gouvernement à céder sa participation au plus vite, comme si celle-ci l’embarrassait.  D’autant qu’un aéroport, c’est un vrai actif stratégique. Pourquoi vouloir à ce point le céder au privé, et peut-être, un jour, à un actionnaire étranger ? 
En somme, pour que cette privatisation soit une bonne affaire pour la communauté nationale, il va falloir vendre cette participation une fortune. Ou alors accepter de négocier un petit rabais… Quant à l’acheteur, on peut en être persuadé, il se comportera demain comme les sociétés exploitant les autoroutes aujourd’hui. En piaillant tout d’abord qu’il a payé trop cher, et en estimant ensuite qu’il doit augmenter les prix. C’est ainsi que ce qui rapportait naguère de l’argent aux contribuables coûtera demain plus cher à l’usager… 
Certes, il est encore temps d’arrêter ce projet idiot. Mais au-delà du cas d’Aéroport de Paris, il serait temps de (se) convaincre du caractère collectif des infrastructures, illustration même de la notion de ‘communs ». Parce qu’elles servent à tous , elles doivent appartenir à tous !   
Privatisation d’Aéroport de Paris: Dans la douleur, l’Assemblée nationale donne à nouveau son feu vert (20 minutes – 15/03 – 2019 )
Les députés ont adopté en nouvelle lecture l’article 49 du projet de loi Pacte qui prévoit de supprimer l’obligation pour l’État de détenir la majorité du capital d’ADP
Interventions en chaîne, rappels au règlement à répétition et suspensions de séance… Dans la douleur, l’Assemblée nationale a finalement donné, ce jeudi, un nouveau feu vert pour la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP), voulue par le gouvernement mais vivement contestée par les oppositions.
Après environ neuf heures de débats acharnés, les députés ont finalement adopté par 42 voix contre 17 en nouvelle lecture l’article 49 du projet de loi Pacte qui prévoit de supprimer l’obligation pour l’État de détenir la majorité du capital d’ADP (actuellement 50,63 %, pour un montant évalué à 9,5 milliards d’euros).

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