Sortie des urnes – Résultats européennes 2019: le RN en tête, En Marche résiste, les Verts doublent LR / Duel – Le vainqueur des élections européennes n’est pas celle qu’on croit

L’Opinion 26/05/2019 Olivier Auguste
Les premières estimations Ifop donnent la liste de Jordan Bardella à 24 % et celle de Nathalie Loiseau à 22,5%. Yannick Jadot cartonne à 13%, et François Xavier Bellamy doit se contenter d’un petit 8%.
La remobilisation spectaculaire des électeurs français a produit des surprises pour ces européennes 2019. Mais pas aux deux premières places. Selon les premières estimations publiées par l’Ifop à 20 heures, la liste RN menée par Jordan Bardella termine en tête à 24%, un score un peu inférieur celui du FN aux dernières européennes, en 2014.
L’objectif initialement annoncé par les macronistes – finir en tête du scrutin – est manqué, mais les proches du chef de l’Etat ne manqueront pas de parler d’une certaine résistance. La liste Renaissance LREM-MoDem de Nathalie Loiseau termine en effet deuxième mais ne décroche pas, avec 22,5% des suffrages.
Mais c’est Yannick Jadot qui déjoue les pronostics, avec un carton à 13% pour la liste Europe écologie-Les Verts. Non seulement il se place en tête parmi les forces de gauche, mais il se paye le luxe de doubler – et de loin – la liste LR de François-Xavier Bellamy. Celui-ci réunit à peine 8% des suffrages, même pas la moitié du score de la droite en 2014 (20,8%) ou de François Fillon au premier tour de la présidentielle (20%). La résurrection de la droite est loin d’être assurée, et c’est un échec pour Laurent Wauquiez qui peut se préparer à quelques semaines agitées à la présidence des Républicains.
Au même stade de son mandat, soit deux ans après son arrivée à l’Elysée, François Hollande avait vu la liste PS-radicaux de gauche s’effondrer à moins de 14%. Ce n’était pourtant que le début du cauchemar pour le Parti socialiste, avant que le Président sortant ne renonce à se présenter en 2017, puis que son remplaçant Benoît Hamon parvienne péniblement à dépasser les 6%. Ce soir, Raphaël Glucksmann (Place publique), la tête de liste derrière laquelle il s’est rangé faute d’en trouver une lui-même, atteint 6,5%. Les socialistes sauvent ainsi de justesse une poignée de sièges à Strasbourg.
Au regard des sondages, la déception est nette pour la liste insoumise conduite par la jeune Manon Aubry, qui atteint seulement 6,3%.
Aucune autre liste ne dépasse 5%, barre qui permet d’envoyer des représentants au Parlement européen : Nicolas Dupont-Aignan est à 3,5%, Benoît Hamon à 3% (juste sur le seuil permettant un remboursement des dépenses de campagne…), le communiste Ian Brossat à 2,5%, le centriste Jean-Christophe Lagarde à 2,4%, et l’UPR François Asselineau à 1,1%. Toutes les autres listes restent à moins de 1%.
Même si plusieurs instituts évoquaient un regain d’intérêt pour le scrutin ces derniers jours, le taux de participation est bien plus élevé que prévu. Toujours selon l’Ifop pour CNews-Paris Match-Sud radio, il est estimé à 54%, contre 42,4% lors du dernier scrutin européen, il y a cinq ans. Il n’avait plus dépassé la barre des 50% depuis vingt-cinq ans.
>>> LIVE – Notre direct sur le scrutin européen de ce 26 mai se poursuit ici

 Duel – Le vainqueur des élections européennes n’est pas celle qu’on croit

L’Opinion 26/05/2019 Nicolas Beytou
 L’Edito – Sur le tableau Excel des résultats électoraux, le doute n’est pas permis : Emmanuel Macron a perdu son duel face à Marine Le Pen dont la liste est clairement arrivée en tête des élections européennes. L’engagement total du président de la République dans la campagne et le duel qu’il avait installé comme un match retour de la présidentielle ne lui ont pas permis de rééditer son exploit de 2017.
Pourtant, à bien y regarder, c’est lui, le chef de l’Etat, qui sort vainqueur des élections. La progression du Rassemblement national par rapport aux précédentes élections est contenue, et La République en marche a plutôt correctement résisté à l’usure du pouvoir, au désenchantement qui s’est installé autour du macronisme et surtout, à la déferlante des Gilets jaunes qui avaient failli mettre à bas le pouvoir. Le rétablissement de la majorité gouvernementale est de ce point de vue spectaculaire.
Mais le véritable succès du chef de l’Etat est ailleurs : la stratégie du vote utile a fonctionné au-delà de ses espérances. Elle a ravagé la droite républicaine dont l’offre politique a été désavouée et le positionnement rejeté ; elle a atomisé la gauche et humilié le parti de Jean-Luc Mélenchon, ravalé au rang d’un PS moribond qu’il méprise pourtant, loin, très loin derrière les Verts emmenés par un Yannick Jadot qui a su habilement profiter d’un scrutin traditionnellement favorable aux écologistes.
Le paysage politique français est donc clair, désormais. Ce qui s’était produit en 2017 n’était pas un accident de l’histoire mais son accélération, au hasard du désastre de la campagne de François Fillon. La France est, et restera pour les années qui viennent, dominée par le combat entre un parti de gouvernement et une force de rejet, sous le regard dépité de toutes les oppositions et de droite et de gauche, seulement unies dans la défaite.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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