Pesticides : à la santé des riverains !

Le Canard enchaîné – Conflit de canard – 280/08/2019 –
Depuis le mois de mars, les ministres de l’Agriculture, de l’Écologie et de la Santé ont sur leur bureau un rapport rédigé par trois prestigieux corps d’inspection qui demande, « dans l’intérêt de la santé publique« , que les préfets interdisent les épandages des pesticides dans les « zones habitées« .
Cherchez l’erreur. la semaine dernière, c’est pour avoir pris un arrêté municipal interdisant les pulvérisations à moins de 150 mètres des habitations et des locaux professionnels que le maire d’une petite commune d’Ile-et-Vilaine s’est retrouvé traîné devant le tribunal administratif par… la préfète du coin. La hors-la-loi avait pourtant des circonstances atténuantes. 
Depuis dix ans, la réglementation européenne prévoit que « l’utilisation de pesticides [soit] restreinte ou interdite » dans les « zones utilisées par le grand public ou par des groupes vulnérables« . Un oukase contre lequel les fabricants d’insecticides et autres fongicides épaulés par la FNSEA, le syndicat chantre de l’agriculture intensive, ont sorti les fourches. En juin 2011, la France a transposé dans le code rural ledit règlement, mais à minima, puisqu’il laisse aux préfets le choix d’interdire ou non l’épandage, en prévoyant une distance de sécurité des lieux abritant des « personnes vulnérables », comme les crèches, les écoles, les hôpitaux ou les maisons de retraites. Deux coups de rabot aux réglementations de Bruxelles.
Le plus cocasse est que, deux mois avant que l’édile breton soit expédié au tribunal, le Conseil d’État, saisi par deux associations, Générations futures et Eaux et Rivières de Bretagne, avait partiellement annulé un arrêté du 4 mai 2017 qui régit l’utilisation des pesticides, notamment parce qu’il n’interdisait pas les pulvérisations près des habitations, comme le préconise Bruxelles.
Alors qu’une vingtaine de maires ont emboité le pas à leur collègue de Langouët et que l’opinion publique a pris fait et cause pour ce dernier, le gouvernement à sorti les rames. Elisabeth Borne, la nouvelle ministre de la Transition écologique a promis sur les ondes « très prochainement des propositions pour mieux protéger les habitants des épandages de pesticides », tandis que son patron, Emmanuel Macron, soucieux des électeurs écolos à neuf mois des municipales, déclarait soutenir « dans ses intentions« , le maire désobéissant. En octobre dernier, ce sont pourtant les députés En marche qui ont retoqué un amendement proposé par Génération Écologie visant à interdire à moins de 100 mètres les habitations la vaporisation des pesticides.
Un épandage de mauvaise foi ?

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Agroalimentaire, Santé, est tagué . Ajoutez ce permalien à vos favoris.