Le discours qu’Emmanuel Macron n’a pas prononcé lors de l’hommage à Jacques Chirac

Charlie Hebdo – 02/10/2019 – pcc Biard, Foolz et Riss –
Françaises, Français, LGBTI, c’est avec une grande émotion que je m’adresse à vous en ce jour de deuil national. L’homme à qui nous rendons hommage aujourd’hui était plus qu’un homme, plus que la république, plus que la France. c’était un Corrézien, comme seuls les Corréziens savent l’être. Jean Dumézil disait des Corréziens qu’ils ont vocation à le demeurer. Jacques Chirac n’a pas failli à cette règle d’airain. 
C’est à la force du poignet et de la conviction qu’il nous a débarrassés de Jacques Chaban-Delmas, de Valéry Giscard d’Estaing, de François Mitterrand et du regretté Édouard Balladur. Quand il gravit le perron de l’Élysée en ce jour de mai 1995, il découvre un champ de ruines qu’il saura labourer du soc de sa volonté. Sur cette terre de France ravagée par les doryphores socialo-communistes, pour reprendre une expression qu’il affectionnait, il plantera les semences qui feront pousser les Chênes dont je suis.
Dans les cuisines de cette belle maison qu’est l’Élysée résonne encore le claquement de ses mâchoires quand il suçait les cartilages de ses chères têtes de veau. Il avait su merveilleusement marier la gastronomie tricolore et la diplomatie de nos territoires, faites de bon sens et de rillons du patron.
C’est un peu le père de Greta Thunberg qui s’en est allé, tel le dernier glacier fondant lentement le long de la pente du siècle. Après lui, on ne pourra plus dire « on ne savait pas ». Seul, indompté, au milieu du concert des nations, il a fait résonner la sonnette d’alarme aux oreilles des peuples avachis.
Sous une épaisse croûte taiseuse, il cachait une culture immense. Il a su protéger comme personne les trésors de notre patrimoine : Line Ranaud, Michou, Henri Salvador,et, bien sûr, Johnny, qui, comme lui, était la France et qui, comme lui, cachait pudiquement son érudition livresque. Les arts – les premiers comme les derniers – te disent : merci Jacques.  Il était aussi l’homme qui aimait les femmes, que dis-je, LA femme. Comme le disait Bernadette, immarcescible Bernadette : « Les femmes ça galopait« . Séducteur entre les séducteurs, il avait su faire chavirer le monde. 
De Jérusalem à Nagasaki, son nom illuminait les visages de ceux que l’espoir avait abandonnés. Jusque dans les sombres couloirs des Nations unies, il luttait contre les forces destructrices de la folie des hommes et de leurs sicaires. Il fut celui qui eut le courage de dire non quand tous disaient oui. Comme le disait Bernadette, imputrescible Bernadette : « A l’ONU, ça cavalait. »
Dans les salons feutrés de l’Hôtel de Ville de Paris, il a apporté sous la semelle de ses souliers la terre fertile de Corrèze, et il a su redonner à la Ville lumière l’éclat de sa carte Gold. Il a concilié fausses factures et amour vrai des Parisiens, des Parisiennes et des LGBTI. Il a multiplié les emplois fictifs comme d’autres prophètes avant lui firent des petits pains. Comme le disait Bernadette, insubmersible Bernadette : « Les valises de pognon, ça défilait ». tel Socrate et les plus grands artistes de la Renaissance, il a su s’entourer de disciples qui ont porté sa parole et ses enveloppes jusque dans les territoires perdu du Rassemblement pour la République : Puteaux, Levallois, Versailles, Nice, Cannes, Fleury-Mérogis. Il a fait entrer au Panthéon de la condition humaine Tiberi l’incompris, Balkany l’écureuil, Santini l’impayable, Douste-Blazy le ravi. 
Marchant sur les pas du Général, il remit la bombe atomique au centre du village, et les îlots oubliés du Pacifique sur la carte du monde. Comme le disait Bernadette, incompressible Bernadette : « Les becquerels, ça crépitait. » Il aimait le vin, il aimait le fromage, il aimait l’atome. C’était le plus français des Français, tout en restant français. 
Amoureux fou de la bicyclette, il prononça le fameux discours du Vél’d’Hiv, et le passé ténébreux de la France s’éclaira soudain. Il donna un avenir à notre passé, et sut graver notre présent sur les colonnes du futur. Passionnément épris des sports extrêmes, il fêtait d’une bière chaque victoire. Jamais la France ne gagna autant de médailles que sous son règne. Il était le champion des champions, d’où son surnom dans les alcôves : cinq minutes douche comprise. Comme le disait Bernadette, indéductible Bernadette : « Les pénaltys, ça fusait ».
La mort ne l’a pas emporté, la maladie ne l’a pas terrassé, c’est l’éternité qui nous l’a enlevé.
Nos pensées vont à ses amis, ses proches, à ses comptes numérotés, à ses enfants cachés, à ses veuves. Adieu Jacques, va en paix dans les champs éternels, tu es tombé, je suis sorti de l’ombre à ta place…

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
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