Doit-on continuer à faire des enfants ?

Du journal satirique indépendant Le Connard – novembre-décembre 2019 – Thibault McEvoy –
Nous sommes bien évidemment programmés, comme toutes les autres espèces vivantes sur la planète, pour chercher à nous reproduire. D’où les envies irrésistibles que Monsieur Michu exprime le soir au coucher, le poussant à se jeter sur Madame – qui lui réponde de plus en plus souvent qu’elle a la migraine. Mais, faire des mômes sur une planète dans un aussi piteux état, sur une Terre déjà largement surpeuplée, ça ne paraît pas vraiment logique à tout le monde, au contraire. De plus en plus d’individus décident de ne pas avoir d’enfants.
Certes, parce que les gamins, c’est une chienlit et une espèce de malédiction qui vous bouffe toute votre énergie. Mais c’est aussi une bouche à nourrir en plus pour la planète et un émetteur de pollution. Il existe même un mouvement qui revendique l’idéologie de la non-reproduction humaine : les Ginks (pour « Green Inclination No Kids) qui signifie « engagement vert, pas d’enfants » (1). 
Les gens qui choisissent de ne pas avoir d’enfants bénéficient-ils à notre planète ?
Selon les Ginks, notre planète ne serait pas capable de subvenir aux besoins d’un nombre illimité d’individus et il serait donc grand temps de freiner la natalité. pourtant la chose est taboue ! Demandez plutôt à n’importe quel être humain qui a choisi de ne pas se reproduire de vous décrire la façon dont il est parfois marginalisé par ses congénères. Les femmes faisant ce choix sont particulièrement ostracisées – après tout, si une nana n’assume pas son rôle de pondeuse, à quoi diable sert-elle ? Pourtant, comme l’a récemment écrit The Independent : « les gens qui ne font pas d’enfants font beaucoup plus pour la planète que n’importe quelle campagne de sensibilisation, alors il est temps de les célébrer !« 
Au Royaume-Uni, la « consommation d’électricité par habitant est de 5 407 kWh – il est pratiquement impossible de compenser l’empreinte environnementale de la naissance d’un enfant en pensant éteindre les lumières » poursuit le quotidien britannique. « Notre nombre a doublé au cours des cinquante dernières années, transformant la Terre en une bombe à retardement. Le changement climatique est un symptôme dévastateur de cette poussée. Et la croissance démographique augmente le nombre de riches émetteurs de carbone, mais aussi celui de victimes plus pauvres du changement climatique, tout en entravant les efforts d’atténuation et de d’adaptation. »
Source Le Parisien – juin 2019
Au-delà des préoccupations environnementales, l’instabilité politique, les conflits civils et les migrations massives sont une conséquence de l’augmentation de la population mondiale. « Les populations jeunes, les taux de natalité très élevés et l’espérance de vie en hausse vont par exemple avoir comme conséquence que la population d’Afrique à elle seule va passer de un à quatre milliards d’individus au cours de ce siècle ».
N’est-il donc pas grand temps de reconsidérer notre condition humaine et de réfléchir aux bienfaits d’un véritable ralentissement de la natalité ? N’est-il pas temps non plus de nous demander si l’arrivée d’un enfant dans un couple est aussi fabuleux, magique, extraordinaire qu’il est politiquement correct de l’affirmer ? En outre, consentir à devenir des parents incapables de dire « non » n’engendre-t-il pas des monstres d’égoïsme voués à être malheureux lorsqu’ils réaliseront qu’il ne sont pas de magnifiques être uniques que tout le monde doit chérir ? 
La poussette 6 places Six Seater permet de se promener avec 6 enfants en même temps !
Est-il philosophiquement moins acceptable de refuser d’avoir un enfant dans un monde enfumé que de vouloir à tout prix créer un »mini-soi » parce que notre nature de mammifères nous l’ordonne ? Bien évidemment, tout ceci est un choix qui appartient à chacun. Mais, la prochaine fois que quelqu’un nous dira qu’il ne veut pas avoir d’enfants, essayons de considérer les choses avec un tout petit peu de hauteur.
(1) Lire : Par convictions écologiques, des hommes et des femmes du monde entier ont choisi de renoncer à avoir des enfants pour sauver la planète (Le Point – 18/09/2018 – Marylou Magal)

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