Nucléaire : pourquoi Édouard Philippe ne moufte pas…

Charlie Hebdo – 30/10/2019 – Fabrice Nicolino –
Le maintien du nucléaire renchérira le coût de la transition énergétique© hrui La stratégie de diversification du mix électrique mise essentiellement sur l’éolien et le photovoltaïque
Réfléchir reste une activité passionnante. Je découvre sur le site actu-environnement.com (ici) un bon article sur le nucléaire. Sophie Fabrégat y décortique une étude menée par un think tank allemand, Agora Energirwende. Vous y verrez, si le cœur vous en dit, comment la poursuite de l’aventure nucléaire menace directement le développement des énergies solaires et éoliennes (ici). Le coût de ces dernières en sera bien plus élevé, tandis que les aides publiques, pourtant vitales, ne pourront qu’être plus faibles. 
Ceux-là mêmes – ou leurs fistons – qui nous avaient promis l’indépendance énergétique par le nucléaire sabotent ainsi l’avenir. Il n’est pas inutile ici de revenir sur l’état réel de l’industrie nucléaire en France. Les seuls mots utilisables sont ceux de faillite frauduleuse. Faillite, c’est évident, puisque les dettes de la filière, présentes ou fatalement à venir, se chiffrent en dizaines et peut-être en centaines de milliards d’euros. Je dis bien centaines. Areva, longtemps joujou d’Anne Lauvergeon, a abandonné son nom en plein naufrage et s’appelle maintenant Orano.  
Combien doit-elle aux finances publiques ? Nul ne peut le savoir, entre la dette qui subsiste, la reprise par l’État de 3 milliards d’euros suite à l’immense scandale UraMin (partis en fumée dans des mines d’uranium qui ne valaient rien) et la menace d’un procès aux États-Unis, qui pourrait nous coûter jusqu’à plus de 20 milliards d’euros (1). il y a trois ans, Areva était « notre » champion. 
EDF ? Quantité de savants calculs tentent de masquer – et y parviennent parfois – l’ampleur de la folie. Disons que la dette se promène entre 37 et 75 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter 100 milliards pour permettre aux réacteurs en fin de vie – ils approchent de 40 ans – de continuer à fonctionner. Et les inconnues sont multiples. Combien pour la gestion des déchets ? Combien pour le démantèlement de vieilles choses ?  Combien pour les EPR ?
Bien sûr, un gouvernement non inféodé arrêterait les frais et détournerait le pays du pétrole, du gaz et du nucléaire. mais celui-ci est dirigé par un Édouard Philippe, ancien lobbyiste en chef d’Areva. Alors, non.
(1) Lire : Affaire Areva : la monstrueuse amende qui menace la France (Capital – 27/09/2018) – Une affaire qui pourrait aussi éclabousser le Premier ministre Edouard Philippe, directeur des affaires publiques d’Areva à l’époque.

A propos werdna01

Hors des paradigmes anciens et obsolètes, libérer la parole à propos de la domination et de l’avidité dans les domaines de la politique, de la religion, de l’économie, de l’éducation et de la guérison, étant donné que tout cela est devenu commercial. Notre idée est que ces domaines manquent de générosité et de collaboration.
Cet article, publié dans Energie, est tagué , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.