Le film « Les éblouis »

Pour son premier film, Sarah Suco s’inspire de sa propre adolescence dans une communauté religieuse. « Les Éblouis », porté par Camille Cottin et Eric Caravaca, est en salles depuis mercredi.
Sarah Suco, comédienne, a en effet, elle a vécu dix ans avec sa famille dans une communauté religieuse. Elle souhaitait témoigner de ce qu’elle a vécu et montrer les mécanismes qui peuvent amener une famille à entrer dans ce genre de lieu. Elle a ainsi tenu à montrer toute l’ambiguïté qu’il y réside. Elle insiste également sur le fait que les gens qui sont séduits par ces groupes ne sont pas naïfs ou idiots mais y trouvent des personnes capables de répondre à leurs aspirations : « Le film raconte à quel point il est simple de se faire embrigader lorsque les besoins sont présents en nous et qu’un groupe nous attire de belle manière ».
Pyramide Distribution
La communauté dans laquelle elle a grandi est issue des sectes importées des États-Unis depuis les années 70, qui appellent à un renouveau spirituel basé sur le Saint-Esprit. Elles regroupent des prêtres, des religieux et des familles laïques. Les journées de chaque membre, dont les enfants, sont rythmées par les prières et les rituels de groupe : demande de pardon, chants, farandoles, séances de bénédictions dans l’Esprit saint. Les tenues, les coiffures et les règles de vies sont régentées et très spécifiques et il est petit à petit impossible pour des enfants de continuer à avoir une vie sociale normale.
Malgré les dérapages, Sarah Suco a tenu à montrer que tout n’était pas négatif dans son vécu là-bas : « Je n’ai pas l’impression d’avoir fait un film à charge contre ces communautés et encore moins contre l’église catholique. Mais j’ai fait pour sûr un film de combat ». Elle tenait à montrer comment les enfants subissent l’embrigadement de leurs parents. Elle dédie d’ailleurs son film à ses frères et sœurs, qui ont grandi à ses côtés dans cette communauté.

Les éblouis observe une famille catholique d’une petite ville de province, les Lourmel (Excellents Eric Caravaca et Camille Cottin) et leurs quatre enfants. Une famille ordinaire qui participe, à l’invitation de leur curé (Jean-Pierre Daroussin, débonnaire puis flippant) se fait plus intrusif dans la vie des Lourmel, demandant à la fille aînée d’arrêter ses entraînements de cirque, puis leur proposant de vivre au sein de la communauté. Le film décortique avec subtilité et intelligence les mécanismes de l’embrigadement sectaire, l’éloignement des proches, l’exclusion de la vie sociale.  (Jean-Jacques Rue – Siné Mensuel Novembre 2019)

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