Nouveau : le « Conseil de déontologie journalistique »

Le Canard enchaîné – 04/12/2019 – Nicolas Brimo –
C’est parti ! Macron a gagné. pour une fois ! Lundi 2 décembre, le nouveau Conseil de déontologie journalistique, dont il appelait de ses vœux la création, a tenu sa première assemblée générale pour établir ses statuts.
Dès son arrivée à l’Élysée, le chef de l’État n’a cessé d’œuvrer, plus ou moins à visage découvert, pour la mise en place d’une telle instance. L’ancienne ministre de la Culture, Françoise Nyssen avait ainsi chargé l’ex-patron de l’AFP Emmanuel Hoog d’une mission sur le sujet.  Puis en juin, Cédric O, le secrétaire d’État au Numérique, avait annoncé la création d’un « Conseil de l’ordre » de la presse. Pas moins ! C’est finalement le fantomatique Observatoire de la déontologie de l’information, créé il y a des années et présidé par un universitaire à la retraite, Patrick Eveno, qui a accepté de jouer avec le feu.  Au passage, il a changé le nom pour devenir le « Conseil de déontologie journalistique et de médiation ». Bonjour le jargon !
Pour le moment, seulement deux syndicats de journalistes, la SNJ et la CFDT, ont accepté de participer à ce tribunal au petit pied qui ne tire sa légitimité que de lui-même. Les principales organisations professionnelles ou patronales ont sèchement refusé de s’y compromettre, comme la plupart des sociétés de journalistes. Toutes avec les mêmes arguments : c’est aux magistrats, dans le cadre d ela loi sur la presse de 1881, de juger les journalistes et pas aux membres d’un comité Théodule. Quant aux journaux les plus importants, ils ont adopté des codes de déontologie qui s’imposent tant aux rédacteurs qu’à leurs directions. Faut-il ajouter que les citoyens ne sont pas infantiles au point de ne pouvoir juger eux-mêmes de ce qu’ils écoutent, regardent sur écran ou lisent sur papier ?
En février, lorsqu’un premier projet du même ordre avait manqué de voir le jour, « Le Canard » avait alors écrit que, comme nombre de ses confrères, il n’avait nulle intention de participer à une telle bouffonnerie. Il n’a pas changé d’avis.

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