Le Monde – kamisole.blog– 14 août – Lait d’beu –
« Qui a volé l’orange du marchand ? » chanta naguère Gilbert Bécaud : Tu es méchant et laid, y avait comme du sang sur tes doigts (…) avec tes mains crochues (…) le responsable de ce forfait aura beau dire qu’il « courait la montagne à la recherche de l’oiseau bleu » quelqu’un a bien vu les multinationales de l’agro-business produire moult saloperies sans goût.
S’il n’y avait que les tomates ! J’ai le parfait souvenir du marché de Selles-sur-Cher en août 1955. Je passai devant un étal. Des fraises. Sans doute provenant d’Espagne ? Point d’odeur alléchante. Je ne m’y arrêtai pas. Poursuivant ma promenade je fus « apostrophée » par une véritable odeur de fraises, telles que je les sentis dans mon enfance. Provenance ? Loir et Cher…. Un véritable délice.
Ben oui, quoi ! Se souvenir que pendant l’été 1995 il fit très chaud. Au point que chez ma sœur à Selles-sur-Cher, traverser la cour – chauffée à bloc par les murs blancs – relevait de l’exploit. Diffici-lement réédité. Or, c’est sur le petit carré gazonné qu’elle avait planté deux gros plants de tomates. Je serais bien incapable de vous en nommer la variété mais qu’elle fût goûteuse à souhait, point de doute. J’en fis avant notre départ force cuisine pour de futures sauces tomates et autres spaghettis à la bolognaise que ma sœur n’eut plus qu’à congeler pour les plats d’hiver. Rentrées à Montmorency nous trouvâmes sur le marché, chez nos habituels maraîchers exactement les mêmes tomates. Même plaisir.
Je suis quasi certaine que vous ne savez pas pourquoi depuis déjà un certain temps les tomates sont vendues « en grappes » avec les tiges. Bien évidemment plus cher. Je vous le donne en mille : ce sont les branches qui concentrent l’odeur de la tomate. Vous pensez qu’elles seront bonnes. Elles sont tout aussi fadasses que les autres. Et quant à la « tomate cerise » – la plus prisée des plus jeunes « elle ressemble à un bonbon et elle est sucrée » – la seule « merveille » – pas pour nous – est sont prix. Une consommatrice les a trouvées vendues – en plein été ! – 19.95 € le kilo à Belleville… On appellera ça de l’arnaque.
Autre question : pourquoi la grande la majorité des tomates vendues en France, quand elles n’ont pas poussé « dans une serre hollandaise – pays champion de la tomate « high-tech » ; la Belgique ne valant guère mieux » – proviennent-elles de Bretagne ? Pas non plus à franchement parler une région connue pour son soleil resplendissant, n’en déplaise à nos amis Bretons. Mais qu’importe « puisqu’elles y poussent en abondance, hors sol sur des lits de laine de roche » ! Cela fait néanmoins fort longtemps que cette question me taraude : où sont passées les grosses « Marmandes » gorgées de soleil, variété rustique à souhait et parfaite pour les tomates farcies ?