Abeilles – L’apiculture confrontée à sa pire année de récolte

La Nouvelle République – 28/10/2016abeille-2010
Jamais les apiculteurs français n’avaient produit aussi peu de miel que cette année. Aux problèmes conjoncturels s’est ajoutée une météo terrible.
Ruches pres de la Balme-de-Thuy, Haute-Savoie, France.

Ruches pres de la Balme-de-Thuy, Haute-Savoie, France.

Un quart de la consommation française de miel en moins n’a pu être récoltée cette année. Il va falloir importer. – (Photo Myrabella, Wikimedia Commons)
Dès le mois de septembre, l’ Union nationale de l’apiculture française (Unaf) avait tiré la sonnette d’alarme. Avec moins de 9.000 tonnes estimées cette année, la production française de miel a atteint un plancher historique.
Dans certaines régions de France – en Provence Alpes Côte d’Azur, Rhône-Alpes, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon – ce sont de 60 à 80 % de récoltes en moins pour les professionnels.
Alors que s’ouvre à Clermont-Ferrand le 21e congrès de l’Unaf, son secrétaire général, Henri Clément, explique cette année noire par l’ajout, aux problèmes structurels, de conditions climatiques très défavorables : pluies, inondations, sécheresse… et un surplus de « vent du nord qui assèche les plantes ». Elles produisent moins de nectar et par conséquence pour les abeilles : moins de miel.
S’adapter aux bouleversements climatiques
« C’est un quart de la consommation française en moins qui n’a pu être récoltée cette année et les opérateurs vont devoir importer massivement du miel du monde entier. C’est extrêmement dommageable », explique cet apiculteur installé dans les Cévennes depuis trente ans. « Nous sommes passés complètement à travers la récolte de printemps. Et en ce moment fleurit le romarin qui normalement n’est en fleur qu’en février, mars et avril. »
 Les miels de colza, thym, lavande… sont devenus difficiles à trouver et ceux de châtaignier très peu abondant.
Après cette année noire, les professionnels sont inquiets. « Nous sommes dans une situation paradoxale où de plus en plus de gens s’initient à l’apiculture, où les ruches écoles ne désemplissent pas – ce qui va dans le bon sens – mais où la filière professionnelle est ainsi fragilisée », note-t-il. Certains de ses jeunes confrères se demandent notamment s’ils ne vont pas devoir mettre la clef sous la porte. « Nous avions sollicité le ministère de l’Agriculture pour une aide exceptionnelle pour la filière mais il ne nous a jamais répondu. »
D’ailleurs, il se désole que Stéphane Le Foll ne se déplace pas en Auvergne cette semaine pour les rencontrer même si, ce vendredi, Ségolène Royal vient inaugurer le congrès. « C’est bien, elle s’est battue pour la biodiversité contre le gaucho (un insecticide) et les néonicotinoïdes (une classe d’insecticides neurotoxiques) », note-t-il à propos de la ministre de l’Environnement. Il espère d’elle qu’elle fera bouger les lignes.
Car, au-delà, la profession est consciente qu’elle va devoir s’adapter. « Certes les pesticides, l’agriculture intensive et les problèmes sanitaires nous pénalisent mais nous allons aussi au-devant de problèmes plus graves qui sont les bouleversements climatiques. Déjà les apiculteurs du pourtour méditerranéen souffrent de plus en plus des épisodes de canicule et de sécheresse, depuis dix ans. A l’inverse, en Allemagne ou en Suède, les jours de butinage augmentent. »

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Olivier Pirot

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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