Marine joue les pauvresses sur un tas d’or

Le Canard Enchaîné – 29/03/2017 – Christophe Nobili et Anne-Sophie Mercier –

On note un léger progrès chez la propriétaire terrienne marine Le Pen : elle reconnaît – en partie – qu’elle a truqué ses déclarations de patrimoine. Mais cela ne l’empêche pas de continuer.

Sous le coup, depuis le 7 janvier 2016, d’une enquête du parquet national financier (encore une), qui lui reproche d’avoir copieusement sous-estimés ses biens immobiliers, la cheftaine du FN vient de revoir à la hausse la valeur de toutes les parts qu’elle détient dans quatre belles maisons familiales. Ce repentir spontané, qui s’exprime à l’occasion de sa nouvelle déclaration de candidature à l’Élysée, s’explique aisément : la fraude sur la pierre est passible, comme on dit dans les prétoires jadis fréquentés par l’avocat de Marine Le Pen, de 45 000 euros d’amende, 3 ans de prison et 10 ans d’inéligibilité.

Pas tout Montretout

Bizarrement, lorsque la justice, il y a un an, avait lancé ses investigations et proposé une réévaluation de son patrimoine, la Marine avait fait le tour des médias pour hurler, avec son papa, au « harcèlement républicain« . C’est « une volonté de nuire désormais systématique et outrancière« , avait vociféré la châtelaine frontiste. Sûrement l’œuvre, déjà, du redouté « cabinet noir » !

Aujourd’hui, un petit tour de la propriétaire permet de rire un bon coup. Le fameux manoir de Montretout, d’abord. A travers les parts de la société civile immobilière (SCI) Pavillon de l’Écuyer, Marine Le Pen détient 12,5 % de cette superbe propriété trônant sur la colline de Saint-Cloud (Hauts-de-Seine). En 2014, la députée européenne, décontractée, évaluait ses part à 225 000 euros.

Dynastie – La famille Le Pen, en 1986, quand elle faisait front commun… © Chance/Sipa

Évaluations et dévaluations

Trois ans plus tard, celle qui joue les modestes auprès de ses électeurs accepte de grimper à 312 500 euros. Bien essayé, mais la Haute autorité pour la transparence (HATVP), elle considère plutôt que Montretout vaut 450 000 euros. Encore un petit effert, Cosette !

La farce se poursuit dans un quartier chic de Rueil-Malmaison, où fifille possède 20,5 % d’une demeure cossue de 380 m2 avec 1 200 m2 de jardin. Elle déclarait 175 000 euros, mais elle vient de monter à 194 500 euros. Mais là encore, le compte n’y est pas : le fisc et la HATVP estiment la vraie valeur de l’ensemble à 3,3 millions d’euros, ce qui valorise la part de notre pauvre Marine à… plus de 675 000 euros. Sers avocats contestent, bien sûr, comme des beaux diables.

Le reste est à l’avenant. Les 28,5 % de la maison bretonne de La Trinité-sur-Mer ? A peine 67 852 euros, prétend Le Pen (elle disait 60 000 euros il y a trois ans). L’administration, elle, pencherait plutôt pour 100 000 euros…

Enfin, il y a un léger hic avec la villa que madame possède, à parts égales, avec son compagnon, Louis Alliot, en riante bourgade de Millas, dans les Pyrénées-Orientales. Chut ! Cette maison avec piscine a été achetée, en 2010, pour quelque 310 000 euros.

Le bonheur est dans le prêt

Le couple avait d’abord affirmé qu’il avait dû emprunter 160 000 euros pour le financer. Mais, dans sa déclaration de patrimoine pour la présidentielle, la Marine explique désormais que ce prêt, qu’elle affirme avoir « renégocié« , s’élève en réalité à 240 000 euros. En toute logique, elle devrait l’afficher dans la colonne « passif ». La coquine préfère déduire elle-même ce montant de la valeur de sa villa. Résultat : la Marine n’affiche que 70 000 euros pour la maison de Millas, ce qui fait dégringoler sa part (à 36 619 euros écrit-elle). 

Résultat de cette grande opération transparence de la petite mère des prolétaires : celle qui déclarait 500 000 euros de biens réévalue son patrimoine à 611 382 euros au total. mais le compte n’y est pas. Les servies fiscaux, eux, estiment plutôt la somme de ses biens à 1 260 619 euros. Le double ! Un chiffe qui flirte dangereusement avec le seuil de 1,3 million d’euros de patrimoine, à partir duquel le propriétaire est assujetti à l’impôt sur la fortune.

Et, cela, celle qui dénonce « la droite et la gauche du fric » n’y tient pas du tout !

Reste cette phrase cinglante à l’égard du Front national : « L’extrême-droite, ce sont des gens hyper riches qui font semblant d’aider les pauvres ! » France 3 hier soir – téléfilm « A la dérive »