Immobilier – Ces maisons de famille dont plus personne ne veut : Les maisons de famille, des héritages encombrants

Le Monde 13/08/2016

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La France regorge de belles propriétés familiales, de maisons bourgeoises à la campagne et de petits manoirs, héritage des générations d’après-guerre que leurs descendants ont du mal à entretenir et qu’ils n’habitent plus guère.
Une maison de famille, c’est une charge financière mais aussi psychologique, alors que le mode de vie a changé : les familles sont de plus en plus recomposées et l’époque de la résidence secondaire triomphante des années 1960 est terminée. Ces grandes demeures sont pour beaucoup en vente et restent longtemps sur le marché, à des prix cassés.
 Les maisons de famille, des héritages encombrants
LE MONDE | 13.08.2016
Les propriétés ne se transmettent plus de parents à enfants. La charge financière et affective est trop lourde.

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Manoir familial resté à la vente pendant 10 ans dans la région Centre-Val de Loire, vallée de l’Eure. | PATRICE BESSE
maison.jpg hortC’est une belle maison de granit, bordée d’hortensias, face à la mer, dans les Côtes-d’Armor, que les quatre frères et sœurs de la famille L., tous âgés de plus de soixante ans, ont dû se résoudre à vendre. Il a fallu deux ans et un sérieux rabais – le prix est passé de 400 000 à 300 000 euros – pour trouver preneur de ces 250 mètres carrés avec jardin. « C’est un crève-cœur, en particulier pour nos enfants et petits-enfants qui y ont passé tant de vacances, confie l’aînée, mais l’indivision ne semble pas viable, car ceux qui veulent la garder n’en ont pas les moyens. Nous avons tous fait notre vie ailleurs et d’autres choix que la maison de famille. » Il est vrai que, construite il y a plus de cent ans, la bâtisse n’est ni très confortable ni aux normes d’isolation et de chauffage. « Nous nous en contentions, mais les acheteurs d’aujourd’hui sont autrement exigeants, ils veulent le chauffage, le Wi-Fi, l’arrosage automatique », explique-t-elle.
« Des histoires comme celle-là, j’en entends tous les jours, raconte Patrice Besse, à la tête d’une agence immobilière spécialiste, dans toute la France, de ce genre de biens plutôt haut de gamme. Je viens de visiter une grande propriété, près de Dax [Landes], où les trois enfants sont loin d’avoir les mêmes revenus que ceux qu’avaient leurs parents [récemment décédés] et ne peuvent aligner les 20 000 à 30 000 euros par an que l’entretien et les taxes exigent de réunir. »
Sans compter que leurs propres enfants, qui font des études ou travaillent dans le monde entier, de Londres au Canada, même s’ils sont contents de passer quelques jours dans l’année pour piquer une tête dans la piscine, n’ont aucune envie de se mettre cette charge sur le dos. « La génération née avant-guerre avait non seulement des moyens plus importants, mais a aussi hérité plus tôt et n’a pas préparé sa succession », argumente M. Besse.
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Charge psychologique

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Une maison de famille, c’est une charge non seulement financière mais aussi psychologique : « Reprendre la maison de ses parents ou de la famille, c’est s’inscrire dans une lignée – aujourd’hui moins simple qu’avant avec les familles recomposées –, accepter un code de vie souvent rigide, au milieu de meubles, de murs, de règles et d’habitudes immuables… Certains héritiers veulent justement s’en libérer, faire table rase du passé et vendre », observe Christine Ulivucci, psychothérapeute, spécialiste de l’analyse transgénérationnelle, qui s’intéresse, en particulier, aux lieux et à leur rôle dans l’histoire familiale

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Maison idyllique pour famille idéale
La lignée familiale reste le repère de certains héritiers, qui ressentent une nécessité d’appartenance à un lieu et vont le recréer. Ce sont eux, les acheteurs de ces maisons de famille délaissées par leurs héritiers, sur le marché depuis, parfois, des années, et dont le prix a sérieusement baissé. « Ce sont des couples dans la cinquantaine, séduits par un lieu, un environnement qu’ils choisissent et s’approprient en y réalisant des travaux, allant jusqu’à les ouvrir à des manifestations culturelles, expositions, concerts, festivals », observe Patrice Besse, dont la clientèle est à 50 % étrangère.

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Dans un premier temps, les clients recherchent la maison idyllique pour la famille idéalisée : jolie, dans un site superbe, calme mais à quelques kilomètres d’une gare TGV et tout à côté d’un village encore vivant, avec brocante tous les dimanches. « Malheureusement, elle n’existe pas ou peu, mais, après un long parcours et beaucoup de visites, le projet est bouleversé et je suis toujours surpris de voir des gens avoir un coup de cœur pour des lieux qui ne répondent à aucune des exigences de leur cahier des charges initial », confie M. Besse, qui remarque également que les maisons tournent de plus en plus, et sont souvent revendues dans les cinq ans, au profit d’un autre projet. Ce qui fait l’affaire des agents immobiliers.
Isabelle Rey-Lefebvre Journaliste au Monde
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A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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