Anniversaire – Pitié pour la Constitution de la Ve République

L’Opinion 04/10/2018Nicolas Beytout
L’édito  – S’il y a une dette que tous les présidents de la République ont à l’égard du général de Gaulle, c’est bien la Constitution de 1958, dont on fête le soixantième anniversaire. Un texte bizarroïde, sorte de régime parlementaire corrigé de présidentialisme, mais qui a assuré à la France une stabilité politique inimaginable à l’époque. « La force de la Constitution, disait Emmanuel Macron en rendant hommage au général de Gaulle, c’est qu’elle permet d’avancer ».
C’est un fait : peu de chefs d’Etat dans le monde démocratique peuvent se sentir aussi solidement protégés par leur constitution. Les crises politiques peuvent faire trembler le pouvoir, les dissolutions de l’Assemblée échouer, les cohabitations s’enchaîner, les majorités se défaire, rien ou presque ne peut atteindre le président de la République. C’est la combinaison du fait majoritaire au Parlement et de l’élection au suffrage universel direct du chef de l’Etat qui confère cette stabilité à la gouvernance du pays. Tant mieux.
Il faut pourtant se rendre à l’évidence : tout se passe comme si le pouvoir s’ingéniait à instiller de l’incertitude, donc de l’instabilité dans le système. Ainsi en est-il du projet d’introduction d’une dose de proportionnelle dans les élections législatives. Même chose avec le non-cumul des mandats, dont la logique est désormais poussée tellement loin qu’elle empêche un ministre candidat à une mairie de rester à son poste un an avant la date des élections. Quant à la quête de transparence imposée aux politiques, elle atteint un degré tel qu’elle finit par créer de l’incertitude : lors des remaniements, il faut ainsi des jours pour scanner chaque pressenti, durant lesquels s’installe le sentiment que le pouvoir hésite. Tout cela répond bien sûr à l’air du temps, lequel n’est cependant pas très éloigné de la « tyrannie de l’instantanéité » que dénonce avec raison Emmanuel Macron.

A propos kozett

Deux phénomènes peuvent amener à une manipulation dans la prise en compte des informations par notre conscience : --> Le mirage qui voile et cache la vérité derrière les brumes de la sensiblerie et de la réaction émotionnelle. --> L’illusion qui est une interprétation limitée de la vérité cachée par le brouillard des pensées imposées. Celles-ci apparaissent alors comme plus réelles que la vérité qu’elles voilent, et conditionnent la manière dont est abordé la réalité … A notre époque médiatisée à outrance, notre vigilance est particulièrement requise !
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